Introduction
Le cancer du sein est la première cause de cancer chez la femme. Il concerne environ 1 femme sur 8 au cours de sa vie. Grâce aux avancées du dépistage et des traitements, le pronostic est aujourd’hui bien meilleur qu’il y a quelques décennies : détecté tôt, il se soigne dans la grande majorité des cas.
Comprendre cette maladie — ses causes, ses différents stades, ainsi que les solutions thérapeutiques disponibles — est essentiel pour mieux vivre le parcours de soins et faire des choix éclairés.
Chaque cancer du sein est unique : selon son type, son stade et la situation personnelle de la patiente, la prise en charge sera adaptée, combinant souvent plusieurs traitements (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie…).
Au-delà de la lutte contre la maladie, certaines femmes, plus jeunes notamment, peuvent aussi se poser la question de leur fertilité avant ou après les traitements. Ce sujet, bien qu’il ne soit pas au premier plan du protocole médical, mérite d’être abordé avec attention, dans une approche globale du bien-être féminin.
Cet article a pour objectifs :
- les facteurs et causes du cancer du sein
- d’expliquer les différents stades du cancer du sein,
- de décrire les options de traitement,
- d’aborder l’impact potentiel de ces traitements sur la fertilité,
- et de présenter les solutions disponibles pour préserver ou restaurer la fertilité.

1. Les causes et facteurs de risque du cancer du sein
Le cancer du sein se développe à partir de cellules anormales du tissu mammaire qui se multiplient de façon incontrôlée. Dans la majorité des cas, aucune cause unique ne peut être identifiée. Il s’agit d’une maladie multifactorielle, où plusieurs éléments (génétiques, hormonaux, environnementaux et liés au mode de vie) s’entrecroisent.
1.1. Facteurs génétiques et héréditaires
Environ 5 à 10 % des cancers du sein sont liés à une prédisposition génétique.
Les mutations les plus connues sont celles des gènes BRCA1 et BRCA2, qui augmentent considérablement le risque de développer un cancer du sein ou de l’ovaire au cours de la vie.
D’autres gènes (TP53, PALB2, CHEK2…) peuvent également être impliqués.
➡️ Un test génétique peut être proposé si plusieurs cas de cancer du sein ou de l’ovaire sont présents dans la famille, ou en cas de cancer survenu à un âge jeune.
1.2. Facteurs hormonaux
Les hormones féminines, notamment les œstrogènes, jouent un rôle majeur dans le développement du sein — et peuvent influencer la prolifération des cellules mammaires.
Certains contextes augmentent donc légèrement le risque :
- Première menstruation précoce (avant 12 ans)
- Ménopause tardive (après 55 ans)
- Absence de grossesse ou première grossesse tardive
- Traitement hormonal substitutif de la ménopause prolongé
- Contraception hormonale de longue durée (risque très faible et réversible à l’arrêt)
Ces situations n’entraînent pas forcément la maladie, mais elles modifient la durée d’exposition aux hormones naturelles.
1.3. Facteurs liés au mode de vie
Certains comportements et habitudes peuvent aussi influencer le risque de développer un cancer du sein :
- Consommation d’alcool (même modérée)
- Surpoids ou obésité, en particulier après la ménopause
- Sédentarité : l’activité physique régulière réduit le risque
- Tabac : effet indirect, surtout combiné à d’autres facteurs
- Alimentation déséquilibrée, riche en graisses saturées et pauvre en fibres
Un mode de vie sain — alimentation équilibrée, activité physique, limitation de l’alcool — contribue à réduire les risques, sans jamais les éliminer totalement.
1.4. Facteurs environnementaux
La recherche explore depuis plusieurs années le rôle potentiel de certaines substances chimiques (perturbateurs endocriniens, pesticides, plastifiants, etc.).
Les données restent limitées, mais la vigilance est de mise, surtout chez les femmes à risque génétique élevé.
1.5. Facteurs non modifiables
Certains facteurs ne peuvent pas être changés, mais ils sont importants à connaître pour mieux cibler le dépistage :
- Âge : le risque augmente après 50 ans
- Antécédent personnel de cancer du sein
- Antécédents familiaux
- Densité mammaire élevée (rendant le dépistage plus complexe)
2. Les stades du cancer du sein
Le stade du cancer est défini selon plusieurs critères, notamment la taille de la tumeur, sa localisation, l’envahissement des ganglions lymphatiques, et la présence ou non de métastases.
Stade | Signification | Généralités |
---|---|---|
Stade 0 | Carcinome in situ (non invasif) | Tumeur localisée, très bon pronostic, traitements moins agressifs souvent. |
Stade I | Tumeur invasive limitée, sans ou peu de ganglions | Traitement chirurgical + parfois radiothérapie. |
Stade II | Tumeur plus grande ou ganglions lymphatiques affectés | Chirurgie + radiothérapie + souvent chimiothérapie ou hormonothérapie. |
Stade III | Cancer localement avancé (nombre important de ganglions, infiltration des tissus voisins) | Traitement combiné : chirurgie, chimiothérapie avant ou après, radiothérapie, hormonothérapie. |
Stade IV | Cancer métastasique | Traitements essentiellement médicaux : chimiothérapie, thérapies ciblées, hormonothérapie, pour contrôle et qualité de vie. |
Connaître son stade est essentiel pour choisir les traitements appropriés et anticiper les risques pour la fertilité.
3. Les différents traitements du cancer du sein
Chaque traitement a ses indications, ses avantages et ses effets secondaires. Souvent, plusieurs modalités sont combinées.
Traitement | Quand il est utilisé | Effets possibles / Risques |
---|---|---|
Chirurgie (tumorectomie, mastectomie) | Dès que la tumeur est localisée : enlever la tumeur, parfois le sein entier, et des ganglions lymphatiques | Risque moindre pour la fertilité directement, mais le stress chirurgical, le délai avant autres traitements peuvent influencer les choix de préservation. |
Radiothérapie | Après chirurgie, ou en cas de tumeur localement avancée, pour réduire le risque de récidive locale | Si irradiation proche des ovaires ou du bassin, risque d’atteinte ovarienne ; mais dans de nombreux cas, l’irradiation est dirigée vers le sein et le thorax, moins de risque pour les ovaires. |
Chimiothérapie | Pour les stades II, III, parfois I selon agressivité, pour tuer les cellules cancéreuses qui se sont diffusées potentiellement | C’est souvent la modalité la plus “gonadotoxique” : certains médicaments détruisent les ovocytes ou altèrent leur réserve. Plus le traitement est agressif ou prolongé, plus le risque est élevé. |
Hormonothérapie | Cancer hormonosensible (récepteurs aux œstrogènes / progestérone positifs) | Bloque les effets des hormones, prolonge la durée de traitement (souvent 5 à 10 ans) ; influence sur le cycle, mais souvent réversible. Le délai d’attente pour une grossesse après arrêt doit être discuté. |
Thérapies ciblées / immunothérapie | Selon la sous-type (ex : HER2, etc.), tumeurs avec caractéristiques spécifiques | Risques variables, selon le médicament. Moins de données sur impact à long terme sur fertilité pour certaines de ces thérapies. |
Impact des traitements contre le cancer sur la fertilité
Les traitements du cancer du sein peuvent affecter la fertilité par :
- Gonadotoxicité : destruction des follicules ovariens par la chimiothérapie, particulièrement les agents “alkylants”.
- Diminution de la réserve ovarienne : liée à la fois à l’âge et à l’impact des traitements.
- Retard ou blocage temporaire des cycles menstruels (par hormonothérapie ou suppression ovarienne) ; parfois réversibles. FHP-MCO+2Institut Rafaël+2
- Effets à long terme : difficulté à concevoir, besoin de PMA, grossesse éventuelle après plusieurs années. Mais beaucoup de femmes peuvent encore tomber enceintes après traitement.
4. Préservation de la fertilité et cancer du sein
Avant de commencer un traitement à risque, il est fortement recommandé de consulter une équipe pluridisciplinaire pour évaluer les options. Voici les principales techniques :
Technique | Quand elle peut être proposée | Avantages / Limites |
---|---|---|
Cryoconservation d’ovocytes matures | Si le temps le permet, avant chimiothérapie ou hormonothérapie. Stimuler les ovaires, puis ponction et congélation. | Meilleure option classique ; mais stimulation hormonale → risque de pic hormonal à contrôler, délai nécessaire, coût. |
Congélation d’embryons | Si un sperme est disponible (partenaire ou donneur) et si la situation médicale le permet. | Taux de réussite souvent légèrement supérieur, embryons prêts pour transfert ; contraintes éthiques selon la situation, choix à faire. |
Cryoconservation de tissu ovarien (cortex ovarien) | En cas d’urgence, ou quand la stimulation ovarienne n’est pas possible (jeune patiente, prépubère, etc.) | Technique relativement nouvelle, mais déjà de nombreux cas réussis ; intervention chirurgicale, puis réimplantation plus tard. |
Maturation in vitro (ovocytes immatures + maturation en laboratoire) | Quand le temps manque pour stimulation, ou en cas de tumeur hormono-sensible. | Permet une option rapide, sans stimulation complète ; rendement moindre d’ovocytes matures, mais représentatif dans certaines situations. |
Suppression temporaire ovarienne (agonistes de la GnRH) | En parallèle de la chimiothérapie pour “mettre les ovaires au repos” ; rôle protecteur. | Option non complètement garantie, mais souvent utilisée comme complément dans les protocoles. |
5. Grossesse après le traitement contre le cancer du sein
Même après un traitement, la grossesse est souvent possible avec un bon accompagnement.
- Si une mesure de préservation a été effectuée, le transfert d’embryon ou la tentative après remise en marche des cycles est envisageable.
- On conseille généralement d’attendre un certain délai après le traitement (souvent 2 à 5 ans, selon les recommandations, le type de cancer, les traitements) avant de tenter une grossesse.
- Suivi endocrinien, bilan hormonal, évaluation de la fonction ovarienne (AMH, etc.), pour savoir dans quelle mesure la fertilité a été préservée ou compromis.
- Soutien psychologique et conseil en PMA si nécessaire.
Conclusion
6. Points clés pour accompagner les femmes
- Discussion précoce : dès le diagnostic, poser la question de la fertilité, même si le traitement doit commencer rapidement
- Information transparente : avantages, contraintes, coûts, risques ; écouter les priorités personnelles (enfant plus tard, nombre d’enfants, etc.).
- Prise en charge multidisciplinaire : oncologue, gynécologue spécialisé en fertilité, biologiste de reproduction, psychologue.
- Planification : choisir la technique qui convient selon l’âge, la réserve ovarienne, le moment disponible avant traitement.
- Suivi à long terme : pas seulement guérir le cancer, mais préserver la vie après, incluant la capacité à avoir des enfants si c’est un souhait.
Le traitement du cancer du sein est de plus en plus efficace, et la survie s’améliore. Cependant, pour les femmes en âge de procréer, il est primordial de penser à la fertilité avant le traitement, sans jamais retarder indûment le traitement oncologique. Les options sont nombreuses et évolutives — conservation d’ovocytes ou d’embryons, prélèvement de tissu ovarien, maturation in vitro, voire suppression ovarienne — chacune adaptée selon la situation. Avec une équipe médicale attentive et proactive, il est tout à fait possible d’allier traitement du cancer et préservation de son projet parental.